Marguerite de Bourgogne est une figure tragique de l'histoire médiévale française. Reine consort de Navarre pour une brève période, cette femme issue d'une lignée prestigieuse a connu un sort terrible après avoir été accusée d'adultère. Cet article explore sa vie, les événements qui ont conduit à sa chute, et la manière dont elle a fini ses jours dans une tour isolée, loin des fastes de la cour.
Marguerite de Bourgogne naît en 1290, fille de Robert II, duc de Bourgogne, et d’Agnès de France, descendante de Saint Louis. Dès son plus jeune âge, elle bénéficie d’une éducation soignée, destinée à la préparer à un mariage avantageux, comme il se doit pour une fille de son rang. Sa jeunesse se déroule dans l'une des familles les plus influentes de France, et tout semble indiquer un avenir radieux.
En 1305, à l'âge de quinze ans, elle épouse Louis, fils de Philippe IV le Bel. Ce mariage renforce les liens entre la couronne de France et le duché de Bourgogne. Le destin semble sourire à Marguerite, qui devient reine de Navarre lorsque son époux monte sur le trône sous le nom de Louis X en 1314. Pourtant, loin de profiter des privilèges de sa nouvelle position, Marguerite se retrouve enfermée, accusée d’un crime impardonnable pour l'époque : l’adultère. Personne n'aurait pu prédire la fin tragique de Marguerite de Bourgogne, au vu de son avenir qui s'annonçait radieux.
L'année 1314 est marquée par un scandale qui éclabousse la cour de France, connu sous le nom de « L’Affaire de la Tour de Nesle ». Marguerite, en compagnie de ses belles-sœurs Blanche et Jeanne de Bourgogne, est accusée d’entretenir des relations illicites avec deux chevaliers, Gauthier et Philippe d’Aunay. La révélation de cette affaire survient après qu’Isabelle de France, sœur des époux des trois femmes, découvre que les cadeaux qu’elle leur avait offerts se retrouvent en possession des deux hommes, laissant peu de doute quant à leur culpabilité.
Philippe IV le Bel, père de Louis, ne tarde pas à réagir. Soucieux de préserver l'honneur de la couronne, il ordonne une enquête qui confirme les soupçons : Marguerite et Blanche ont bien eu des liaisons avec les frères d’Aunay. Jeanne, quant à elle, échappe à la condamnation, bien que sa connaissance des faits la place sous surveillance temporaire.
Le verdict est sévère. Marguerite et Blanche sont jugées au Parlement de Paris, tandis que les deux chevaliers subissent le supplice réservé aux grands criminels. Ils sont :
Ce n’est qu’après que leurs corps étaient exposés pour servir d’exemple à tous. Pour Marguerite, le sort est moins spectaculaire, mais tout aussi cruel : elle est condamnée à la prison à vie.
Emprisonnée dans la forteresse de Château-Gaillard, Marguerite vit ses derniers jours dans des conditions déplorables. Isolée au sommet d’un donjon, elle est privée de tout contact avec le monde extérieur, un sort particulièrement douloureux pour une femme qui avait été habituée au luxe et aux plaisirs de la cour.
Lorsque Philippe IV meurt en 1314, l’espoir d’une possible libération s’évanouit rapidement. Louis X, devenu roi, n’a aucune intention de pardonner l'affront de son épouse. Cependant, le mariage étant indissoluble selon les règles de l'Église catholique, Louis se retrouve dans l’incapacité de se remarier tant que Marguerite est en vie. La solution vient en 1315, lorsque Marguerite meurt dans des circonstances mystérieuses.
Officiellement, elle succombe à une maladie, mais il est probable que son décès ait été accéléré par les conditions de détention extrêmes auxquelles elle était soumise. La mort de Marguerite permet à Louis X de se remarier rapidement avec Clémence de Hongrie. Toutefois, son règne ne sera pas heureux, car il meurt à son tour en 1316, laissant derrière lui un fils posthume, Jean, qui ne survit que cinq jours.
L’histoire de Marguerite de Bourgogne est celle d'une femme qui, malgré son rang élevé et son mariage prestigieux, a vu sa vie détruite par une accusation d'adultère. Emprisonnée, humiliée, et finalement laissée à mourir dans l'oubli, elle incarne la tragédie d'une époque où la réputation d'une femme pouvait être brisée en un instant, sans espoir de rédemption.